La Corée du Nord rompt toutes ses relations avec le Sud
La Corée du Nord a décidé mardi de rompre toutes ses relations avec la Corée du Sud ainsi que les communications entre les deux pays, a annoncé l'agence officielle KCNA. Pyongyang a également brandi la menace d'une riposte militaire, accusant la marine sud-coréenne d'avoir franchi sa frontière.
En dix jours, affirme le Nord, des dizaines de navires sud-coréens ont franchi la frontière, "une provocation délibérée visant à provoquer un autre conflit militaire en mer Jaune et ainsi pousser vers une phase de guerre". Ces intrusions ont été démenties par le Sud, mais le Nord prévient que si elles se poursuivent, il "mettra en œuvre des mesures militaires pour défendre ses eaux territoriales, et le Sud sera tenu pour responsable des conséquences".
Retentissement sur les marchés
Les marchés financiers, très nerveux, ont chuté après la publication la dépêche de l'agence de presse sud-coréenne Yonhap selon laquelle Kim Jong-il avait ordonné à ses forces armées de se mettre sur le pied de guerre. Même s'il est apparu par la suite que la dépêche nord-coréenne initiale, citée par Yonhap, se bornait à indiquer que le Nord riposterait en cas d'attaque, l'indice Kospi de la Bourse de Séoul a clôturé en baisse de 2,8 %.
Selon un groupe de transfuges nord-coréens en Corée du Sud, le North Korea Intellectual Solidarity (NKIS), l'état d'alerte de l'armée nord-coréenne a été déclaré par Kim Jong-il jeudi, le jour où une enquête internationale a rendu publiques ses conclusions sur l'implication de Pyongyang dans le naufrage de la corvette Cheonan le 26 mars. "L'Amérique et la Corée du Sud cherchent à se venger en nous impliquant dans l'incident du Cheonan. C'est une conspiration de l'Amérique, du Japon et de la Corée du Sud pour nous isoler et nous tuer", aurait déclaré le vice-ministre nord-coréen chargé de la défense nationale, O Kuk-ryol.
"PROCHES DE LA GUERRE"
Une enquête internationale sur la cause du naufrage qui a entraîné la mort de 46 marins, le 26 mars au large de l'île de Baengnyeong, près de la frontière maritime avec la Corée du Nord, a conclu jeudi à un tir de torpille par un sous-marin nord-coréen. La Corée du Nord, qui nie toute implication, a pour sa part accusé Séoul d'avoir "fabriqué" des preuves et affirmé que les deux pays étaient désormais "proches de la guerre".
La Corée du Sud a promis, lundi, de "faire payer" à Pyongyang "le prix" du naufrage de sa corvette Cheonan en demandant de nouvelles sanctions à l'ONU et en suspendant les échanges commerciaux avec son voisin. Le Sud va également fermer aux navires marchands nord-coréens ses couloirs de navigation. L'aide humanitaire pour les enfants sera cependant maintenue, ainsi que le fonctionnement du complexe industriel de Kaesong, situé au Nord mais financé par Séoul.
PÉKIN EMBARRASSÉ
Alors que la deuxième édition du "dialogue stratégique et économique" entre la Chine et les Etats-Unis se poursuivait mardi 25 mai dans la capitale chinoise, Pékin a assuré être "prêt à travailler avec les Etats-Unis et d'autres parties". La Chine n'a toutefois pas précisé jusqu'où elle était prête à aller, alors que Pékin n'a pas, en dépit d'appels américains, condamné la Corée du Nord. La Chine, l'un des rares soutiens de Pyongyang, s'était jusqu'ici contentée d'appeler "toutes les parties" à la retenue, et refuse toujours de reconnaître les conclusions de l'enquête internationale.
Une absence d'engagement qui traduit un réel embarras de Pékin. D'autant qu'on évoque la possibilité sérieuse que la torpille incriminée soit de fabrication chinoise. Le Conseil de sécurité des Nations unies va se saisir rapidement du problème, ce qui devrait obliger la Chine à prendre position. La Chine "pense que le dialogue est préférable à la confrontation", a déclaré mardi un porte-parole du ministère des affaires étrangères, au sujet de la crise provoquée dans la péninsule coréenne, et s'est dite "prête à travailler avec les Etats-Unis et avec d'autres parties". La Russie, qui comme la Chine et les Etats-Unis dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies, a appelé mardi à la retenue. Le président Dmitri Medvedev a invité les deux Corées à "empêcher une nouvelle escalade de la situation dans la péninsule".
L'armée de Corée du Nord compte un million de soldats, soit l'une des plus grandes forces au monde, mais son équipement est en grande partie obsolète. Les analystes estiment que Pyongyang ne se risquerait pas à un conflit contre la Corée du Sud et les Etats-Unis, lesquels disposent de 28 000 soldats dans la péninsule. Séoul ne souhaite pas davantage l'ouverture d'hostilités, qui feraient fuir les investisseurs de la quatrième économie d'Asie.