Les deux Corées se renvoient la responsabilité des tirs en mer Jaune
Tirs d'obus, tirs d'artillerie : l'île sud-coréenne de Yeonpyeong était le théâtre mardi 23 novembre d'un nouvel affrontement entre Séoul et Pyongyang qui ont fait deux morts parmi les soldats sud-coréens en détachement sur l'île ; les deux Corées se renvoyant la responsabilité de l'échange de tirs.
Séoul a d'abord affirmé que l'armée nord-coréenne avait lancé l'offensive : "Une unité d'artillerie nord-coréenne a déclenché des tirs [d'obus] de provocation à 14 h 34 (6 h 34, heure de Paris) et les troupes sud-coréennes ont immédiatement répliqué", par 80 tirs de risposte, a indiqué un porte-parole du ministère. "L'armée de l'air et la marine menaient des exercices navals et le Nord semble avoir ouvert le feu pour s'y opposer", a précisé un responsable militaire cité par la chaîne YTN. L'armée sud-coréenne a donné l'ordre à ses avions de combat F16 de survoler l'île.
L'armée sud-coréenne a été placée en alerte maximale après des tirs et Séoul a convoqué une réunion extraordinaire de son cabinet de sécurité. Le président Lee a promis des représailles en cas de nouvelles provocations de la Corée du Nord.
Mais quelques heures plus tard, alors que les Etats-Unis, la Russie et la Grande-Bretagne avaient déjà condamné une attaque "unilatérale", les autorités nord-coréennes ont imputé la responsabilité de l'affrontement à Séoul : "En dépit de nos avertissement répétés, la Corée du Sud a tiré des dizaines d'obus à partir de 13 heures (...) et nous avons immédiatement pris une initiative militaire forte", a indiqué l'agence de presse officielle KCNA dans une dépêche laconique.
Les obus nord-coréens – une cinquantaine selon la chaîne YTN – ont fait deux morts et au moins treize blessés parmi des soldats, dont deux grièvement, selon Séoul. Des habitations auraient également été touchées et les habitants de l'île seraient en cours d'évacuation. "Au moins dix maisons ont brûlé. On nous a donné l'ordre par haut-parleur de quitter nos maisons", a déclaré Lee Jong-sik, un habitant de l'île située en mer Jaune, une zone disputée par les deux Corées où se sont produits d'autres incidents par le passé.
ENRICHISSEMENT D'URANIUM
L'île de Yeonpyeong est en effet située en mer Jaune, juste au sud de la ligne frontalière décrétée par les Nations unies après la guerre de Corée, mais elle se situe au nord de la ligne de partage revendiquée par Pyongyang. De graves incidents navals s'étaient produits dans la même zone en 1999, 2002 et novembre 2009.
Ces affrontements, qui figurent parmi les plus graves depuis la guerre de Corée (1950-1953), ravivent les tensions dans la péninsule trois jours seulement après la révélation, par un scientifique américain, de l'existence d'un programme d'enrichissement d'uranium en Corée du Nord, source d'inquiétude pour les Etats-Unis et leurs alliés. Ces tirs interviennent par ailleurs alors que l'émissaire américain pour la Corée du Nord, Stephen Bosworth, a quitté Tokyo pour Pékin. Il doit y rencontrer mardi des responsables chinois pour évoquer le dossier de Pyongyang dans le contexte des dernières révélations sur le nucléaire nord-coréen.
CONDAMNATIONS
Mardi matin, Moscou a mis en garde les deux Corées contre une escalade et condamné les tirs nord-coréens, tandis que le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois à Pékin a exhorté les deux parties à "faire davantage pour contribuer à la paix", et jugé impératif de renouer les négociations à six sur le démantèlement du programme nucléaire militaire de Pyongyang. Pékin est l'unique allié économique et diplomatique de la Corée du Nord, dont le dirigeant Kim Jong-il s'est rendu deux fois en Chine depuis le début de l'année.
Le premier ministre japonais, Naoto Kan, a quant à lui ordonné mardi à ses ministres de se préparer "à toute éventualité". "Je leur ai ordonné de faire tout leur possible pour rassembler des informations", a-t-il ajouté.
La Maison Blanche enfin a réagi plusieurs heures après et dit "condamné fermement" le bombardement demandant l'arrêt des "actes de belligérance".
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/11/23/echange-de-tirs-d-artillerie-entre-les-deux-corees_1443699_3216.html#ens_id=1360285