Roh Moo-hyun est mort

L'ancien président sud-coréen Roh Moo-hyun, âgé de 62 ans, est mort samedi après une chute lors d'une randonnée en montagne, près de son domicile voisin de Changwon. Selon son assistant Moon Jae-in, il se serait suicidé en se jetant lui-même d'un rocher après avoir laissé une note à l'attention de ses proches. Dans un extrait de celle-ci, lue sur la chaîne KBS, il confie : "Je ne peux même plus lire de livres. Ne m'en voulez pas. La vie et la mort ne font qu'un. Incinérez-moi."
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L'ancien chef de l'Etat, qui a exercé un mandat de cinq ans à la tête de l'Etat sud-coréen jusqu'au début 2008, était revenu récemment à la une de l'actualité en Corée du Sud pour avoir été interrogé par des magistrats dans le cadre d'un vaste scandale de corruption.

"L'ancien président Roh a quitté sa maison et alors qu'il se promenait sur le mont Ponghwa, il semble avoir sauté d'un rocher", a déclaré Moon Jae-in, qui fut son chef de cabinet. Un responsable de l'hôpital universitaire de Busan où son décès a été prononcé vers 8 h 30 du matin (23h30 GMT) a déclaré que la mort avait été provoquée par des blessures à la tête. La police a ouvert une enquête sur les circonstances de son décès.

DES ACTIONS IMPOPULAIRES

Ancien avocat, Roh avait surpris tout le monde lors de sa victoire à l'élection présidentielle de 2002. Il avait poursuivi nombre des politiques engagées par son prédécesseur Kim Dae-jung, y compris celle de tenter d'amadouer la Corée du Nord par le versement d'une aide sans conditions. Mais à la fin de son mandat, beaucoup de ses actions étaient devenues impopulaires. Il a été remplacé par Lee Myung-bak, un conservateur qui a promis de revenir sur la plupart des programmes engagés par les précédents gouvernements orientés au centre-gauche.

En avril, Roh avait été convoqué par la justice pour répondre à des questions sur son implication dans un scandale centré autour d'un homme d'affaires qui a reconnu avoir distribué de nombreux pots-de-vin à des hauts fonctionnaires et responsables politiques.
Roh avait avoué que son épouse avait reçu de l'argent d'un riche homme d'affaires pendant sa présidence et il avait présenté des excuses publiques. Il s'était plaint récemment de l'énorme présence médiatique déployée autour de son domicile.

Le Korea Herald a écrit:A president remembered
Roh Moo-hyun's life noted as a constant uphill struggle up until his death

Le président coréen embarassé par le suicide de son prédécesseur
le 25/5/2009 à 9h08 par Marie Decroix (Aujourd'hui la Corée)

Un parquet aux ordres qui a poursuivi Roh Moo-hyun avec beaucoup d'agressivité. Une presse acquise au pouvoir qui en a fait des tonnes. Le drame révèle les méthodes brutales de l'administration Lee Myung Bak.

Les coréens prient pour l'ancien président C'est l'histoire d'une vieille haine. En 1997, Lee Myung Bak et Roh Moo-hyun se sont affrontés pour le siège de député de la circonscription de Jongno, dans le centre de Séoul. Lee Myung-Bak l'emporte au terme d'une campagne très difficile. Mais son élection est invalidée sur plainte de son adversaire, pour dépenses électorales excessives... Résultat, c'est Roh Moo-hyun qui obtient le siège de la circonscription la plus convoitée du pays. La haine entre les deux hommes est scellée.

Alors, lorsque Lee Myung Bak entre à la maison bleue, le siège de la présidence coréenne, pour remplacer Roh Moo-hyun, début 2008, le nouveau président a soif de vengeance.

Vengeance judiciaire, en lançant les procureurs aux trousses de Roh, dans une affaire de corruption présumée. La femme de l'ancien président aurait touché 1 millions de dollars d'un homme d'affaire. "Un prêt" affirme Roh. "Corruption" pensent les procureurs, qui lancent des mandats d'amener contre l'ancien président et tous ses proches. Son épouse devait être interrogée quelques heures après son suicide.

Ce qui est frappant dans le traitement de cette affaire judiciaire, c'est l'absence totale de secret de l'instruction, l'ensemble des éléments fournis par le parquet se retrouvant dans les médias. et c'est l'attitude de ces médias, justement, reprenant sans nuance l'ensemble des informations fournies par les procureurs, faisant même des shows en direct des auditions des témoins, bref condamnant sans appel l'ancien président avant même qu'il puisse être entendu.

Roh Moo-hyun l'avait bien compris, lorsqu'il explique dans sa note son suicide. Il sait que ses proches vont tous être atteints, les uns après les autres, et que même si il a toujours nié la corruption, ses dénégations ne peuvent atténuer la honte qui s'étend sur sa famille.

Ces critiques sur la responsabilité du pouvoir dans la mort de l'ancien président, on ne les lit pas dans la presse coréenne. On ne les entend pas à la télévision.
Les médias sud-coréens sont ainsi tous contrôlés par les Chaebols, favorables à Lee Myung-Bak, lui même un ex de Hyundai. Il est frappant que depuis le suicide, toutes les télévisions se contente de diffuser les conférences de presse officielles de la police, des médecins, de la maison bleues. On n'entend jamais les Coréens qui par dizaines de milliers viennent lui rendre hommage dans son village, à 500 kilomètres de Séoul. A l'exception de MBC, seul média "rebelle" qui a explicitement évoqué la "revanche politique" à l'origine du drame.

Sur internet le ton est bien différent. On montre comment des milliers de policiers ont bloqué le centre de Séoul, à Jongno, pour empêcher les manifestations à la mémoire de Roh Myun-hyun, qui auraient pu se transformer en protestation contre le pouvoir. https://www.youtube.com/watch?v=6kiWiyf53b8

On montre aussi comment le président du Parlement coréen, fidèle de Lee, a été empêché de voir le corps de Roh par la foule en colère.

Quelques heures après la mort de l'ancien président, le procureur de Séoul a annoncé la fin de toute investigation sur la corruption présumée de sa famille.

burame a écrit:Et les coréens osent se plaindre... Ils ont élu le bonhomme sur un programme on ne peut plus clair, ils assument.

Je suis volontairement pas allé voter : je ferme ma gu...

Doksooli a écrit:D'ailleurs il me semble qu'à la dernière élection présidentielle coréenne, le taux d'abstention était assez important.