LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 18.08.09 | 08h52
Pax animae suae
L'ancien président sud-coréen et prix Nobel de la paix Kim Dae-jung est mort, mardi 18 août, peu avant 7 heures (heure française), à l'âge de 83 ans, selon un porte-parole de l'hôpital où il avait été admis. L'ex-président, artisan d'une politique d'ouverture envers la Corée du Nord, avait été admis à l'hôpital le 13 juillet à la suite d'une pneumonie et placé sous assistance respiratoire.
L'ex-président sud-coréen (1998-2003) fut le premier chef d'Etat du Sud à se rendre à Pyongyang où il signa, le 15 juin 2000 avec son homologue nord-coréen Kim Jong-il, une déclaration conjointe marquant le réchauffement des relations. Sa politique dite du "rayon de soleil", inspirée de l'Ostpolitik allemande de Willy Brandt, lui avait valu l'obtention en 2000 du prix Nobel de la paix et s'était traduite par des réunions familiales et une coopération économique accrue entre les deux Corées.
TRANSITION DÉMOCRATIQUE
Il était également l'une des figures majeures de la transition de la Corée du Sud d'un régime autoritaire militaire à une démocratie. Sous le régime du général Park Chung-hee, il avait défié le pouvoir et la loi martiale, chez lui et en exil, au Japon ou aux Etats-Unis. En 1973, des agents sud-coréens l'avait enlevé à Tokyo dans le but de l'éliminer. Mais les réactions d'indignation aux Etats-Unis et au Japon avaient conduit Séoul à le libérer de prison et à le placer en résidence surveillée. En 1980, il avait été condamné à mort pour trahison. Sa peine avait été commuée en réclusion criminelle à perpétuité, puis à vingt ans de prison. Elle avait été levée en 1982 et il avait été autorisé à s'exiler aux Etats-Unis, dont il était rentré en 1985. Au total, M. Kim a passé six ans en prison, trois en exil et dix en résidence surveillée.
Catholique convaincu, orateur inspiré maîtrisant l'anglais, Kim Dae-jung marchait avec difficulté, séquelle d'une tentative d'assassinat à laquelle il avait échappé dans les années 1970. Sa date de naissance exacte était incertaine, mais plusieurs de ses biographes ont avancé celle du 6 janvier 1924. L'Académie Nobel avait retenu elle la date du 3 décembre 1925.
Pax animae suae