Désolée Ideo ! ^^ Je ne dis pas que les
doenjangnyos soient féministes, je dis juste que certaines de leurs aspirations pourraient, à l'avenir, servir de base de réflexion à des féministes.
En fait pendant mon DEA j'ai étudié la préciosité du XVIIe siècle français. Il y a eu les précieuses ridicules de Molière, mais il y a aussi eu des femmes intelligentes qui ont cherché à donner plus de
prix aux femmes. Certaines ont réfléchi à des choses aussi novatrices que le divorce par consentement mutuel, l'union libre ou même le Pacs (dans
Le Roman de la pretieuse, ou le Mystère de la ruelle, de Michel de Pure, par exemple).
Je trouve qu'il y a beaucoup de points communs entre cette ancienne mode française et la mode actuelle des jeunes Coréennes urbaines.
Lorsqu'elles réclament des invitations dans des restaurants étrangers chers, lorsqu'elles s'achètent des sacs Vuitton ou qu'elles vont à des concerts d'opéra auxquels elles ne comprennent rien, j'ai l'impression qu'elles réclament, d'une façon plus générale, plus de place et de considération pour les femmes.
Il faut rappeler qu'une
ajumma n'est pas censée se faire plaisir, et qu'elle doit sans cesse se sacrifier pour (dans l'ordre : ) ses enfants, son mari, ses beaux-parents et ses parents.
Pour donner un exemple extrême, j'avais lu une nouvelle coréenne dont l'action se déroulait vers le début du XXe siècle, et dans laquelle une jeune femme s'amputait de ses annulaires pour nourrir de son sang son mari et son beau-père souffrants - car dans l'annulaire arrive une veine qui vient directement du cœur. Apparemment c'était la preuve de dévouement habituelle qu'on attendait des femmes à l'époque.
Il faut aussi rappeler que le si joli petit poignard porté en pendentif par une femme sur son
hanbok, c'est pour se suicider si par malheur un autre homme que son mari la viole... -_-° Dans le genre soumission, il est difficile de faire mieux.
Même si ce sont des éléments du passé, cette forme de dévouement absolu des femmes à leur famille est resté présent dans la mentalité actuelle.
Pour les étrangers c'est toujours très choquant de voir une jeune fille piquer une crise parce qu'on n'a pas été capable de lui offrir une montre Chanel. Pour nous elle n'a pas besoin d'agir ainsi, puisqu'on lui accorde déjà toute notre attention et notre amour, et qu'aucun Occidental ne la considèrera jamais comme une simple poupée dénuée d'âme ou une future esclave domestique potentielle (enfin j'espère.)
Elle se focalise sur l'argent, puisque c'est ce qui est immédiatement quantifiable, et certaines finissent par en faire une obsession. Mais derrière, il y a énormément d'autres choses en jeu. Je pense qu'avec le temps, en ayant pris l'habitude de réclamer et de s'octroyer le meilleur, elles parviendront à réfléchir plus profondément et à faire évoluer le statut de la femme coréenne.
Si seulement en vieillissant les
doenjangnyeos pouvaient continuer à dilapider l'argent du foyer dans les
baekwajeoms ! Plus moyen pour le mari d'aller boire avec ses collègues ou pour les enfants d'aller en
hagwon... Et hop, deux gros problèmes de réglés !