Je ne trouve rien dans les médias coréens...
SÉBASTIEN FALLETTI ; le Point
SÉBASTIEN FALLETTI ; le Point
Kim Jong-suk est de retour ! La plus coréenne des ministres françaises a eu droit à un accueil de rock star pour sa première visite sur sa terre natale, 39 ans après avoir été abandonnée dans une rue de Séoul. Fleur Pellerin a fait face à un mur de caméras et au crépitement des flashs dès son arrivée à l'aéroport d'Incheon, samedi. "Un accueil incroyable", a admis la ministre française déléguée aux PME et à l'Économie numérique, à l'orée d'une visite destinée à "vendre" la France au pays de Samsung. L'enthousiasme populaire s'est confirmé dimanche lors d'une promenade sur un marché du centre de la capitale sud-coréenne. La foule reconnaît celle qui avait fait la une de la presse lors de sa nomination dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, l'an dernier. Aussitôt, les demandes d'autographes affluent. Armé d'un téléphone portable, chacun veut son cliché avec la "célébrité" de passage ; d'autres lancent des bravos. "C'était très surprenant, populaire et très chaleureux", reconnaît Fleur Pellerin, qui a été adoptée par une famille française de Montreuil, à l'âge de six mois.
La Corée du Sud déroule le tapis rouge pour ses "adoptés" éparpillés aux quatre coins du monde et qui ont réussi. "Sa visite suscite une forte attention ici. En effet, le public est très fier qu'une Coréenne soit devenue ministre d'une puissance occidentale", explique Park Songyok, journaliste au Chosun Ilbo, le premier quotidien du pays, qui publie une interview de la ministre frenchie. Le pays du Matin calme, aussi pauvre que le Ghana dans les années 50, s'est hissé à la quinzième place mondiale grâce à un miracle économique hors du commun, mais a toujours soif de reconnaissance. Et les adoptés, qui furent abandonnés en masse par leur patrie dans les années 70, du fait des difficultés économiques et d'un conservatisme social implacable à l'encontre des mères célibataires, sont aujourd'hui cajolés par le gouvernement. Avec l'espoir que cette "diaspora" avancera les pions de Séoul à l'heure de la mondialisation et de la K-pop. Une "politique du retour" qui avait frappé un autre politique français "coréen", le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé, revenu pour la première fois sur la terre de ses ancêtres en 2012. "J'ai dû rappeler que j'étais ici pour défendre les intérêts de la France", se souvient le sénateur, qui avait eu droit à un traitement de VIP.
Rencontre avec Psy, roi du gangnam style
Fleur Pellerin veut tourner cette affection à son avantage et à celles des entreprises françaises, à l'heure où la croissance hexagonale est en berne. "J'ai bien perçu qu'il y a une réelle volonté de leur part de profiter de ma présence au gouvernement pour renforcer les relations bilatérales", explique la ministre. Elle compte sur ce "supplément d'âme" pour renforcer l'axe Paris-Séoul, espérant convaincre les entreprises coréennes, pour l'heure peu nombreuses, à investir en France pour créer des emplois. Au menu de son déplacement, visite du siège de Samsung et des grands opérateurs télécoms, ainsi qu'un rendez-vous avec la présidente Park Geun-hye, entrée en fonction le mois dernier et qui a fait ses études à Grenoble. Sans oublier le Premier ministre et la communauté d'affaires française. La ministre a aussi prévu une entrevue avec sa majesté Psy, le roi du gangnam style, qui reste à confirmer.
Un programme chargé jusqu'à mardi qui laisse peu de possibilités à la ministre "rock star" de remonter le fil de son histoire personnelle, avant de s'envoler pour Tokyo. D'entrée, Fleur Pellerin a d'ailleurs indiqué qu'elle n'avait pas l'intention de retrouver ses parents biologiques. Mais elle laisse la porte ouverte à un second voyage d'ordre privé, plus tard, loin des caméras. En attendant, elle découvre avec de grands yeux "son" pays natal, en bonne Française. "Quand je suis en Asie, j'ai toujours un sentiment de dépaysement", confie Fleur Pellerin, alias Kim Jong-suk.