Source : Le Courrier internationalL'afflux d'immigrés soulève de nouvelles questions, notamment la scolarisation des enfants issus de mariages mixtes ou de familles étrangères.
D'après les chiffres publiés, en juillet 2008, par le ministère sud-coréen de l'Administration publique et de la Sécurité, le nombre des résidents d'origine étrangère en Corée du Sud (y compris les clandestins repérés qui en constituent environ 20 %), atteindrait quelque 900 000, soit 1,8 % de la population [il s'agit majoritairement de Chinois, mais aussi de ressortissants de pays d'Asie du Sud-Est tels que Philippins, Vietnamiens, Thaïlandais]. En dehors de l'arrivée de travailleurs, cette présence massive s'explique par la vague de mariages avec des étrangères, qui s'est amorcée au début des années 1990 en raison du déficit de la population féminine en milieu rural. La société sud-coréenne, jusque-là si fière de sa "pureté" ethnique, est en passe de devenir multiculturelle. Des statistiques prévoient 20 % d'étrangers en 2050.
Les enfants issus de ces mariages vont bientôt atteindre leur majorité, mais leur avenir en Corée reste incertain. "Beaucoup d'entre eux n'ont pas une scolarité normale et sont victimes de discriminations", affirme Chong Chonghi, professeur de l'université Kyongbuk. Au Centre Songdong pour les travailleurs étrangers, à Séoul, qui assure un soutien scolaire, l'enseignante Sin Hye-yong déplore que ce type de famille ne soit pas partie prenante dans l'éducation de leurs enfants. "Souvent, la mère ne comprend pas bien le coréen et ne peut pas suivre le parcours scolaire de l'enfant", ajoute-t-il. D'après un rapport récemment rendu public par Won Hi-mok, député du Parti de la Grande Nation [au pouvoir], 24,5 % des 24 867 enfants de familles multiculturelles en âge d'être scolarisés ne le sont pas. Certains n'ont jamais mis les pieds à l'école, d'autres ont dû y renoncer. Leur absentéisme atteindrait 15,4 % dans le primaire et 69,9 % dans les lycées.
Les professionnels pointent du doigt l'attitude parfois peu accueillante de la population coréenne, qui n'a pas l'habitude de côtoyer des gens au physique et au nom exotiques. "Ce qui compte, c'est de comprendre l'autre. C'est là qu'intervient le rôle de l'enseignant. Ensuite, la cohabitation doit amener nos enfants à se débarrasser de leurs préjugés", explique Yi Chin-yon, directeur adjoint de l'école primaire Pogwang, située dans le quartier multiculturel d'Itaewon, à Séoul, qui organise aussi des cours complémentaires pour les enfants en difficulté et œuvre au rapprochement des différentes cultures.
Mais ces enfants ne sont pas les plus malchanceux. Les ouvriers étrangers qui n'ont pas ou plus de visa préfèrent garder leur progéniture chez eux, de peur de se faire repérer par les autorités. Ces enfants, même nés en Corée, n'ont pas d'avenir dans ce pays. La scolarisation est obligatoire jusqu'au lycée, mais, sans papiers, ils ne peuvent espérer entrer à l'université ou trouver du travail. "Ils sont jeunes pour le moment, mais ils grandissent. Leur intégration va rapidement poser problème", met en garde Cho Hye-yong, du Centre des politiques de la jeunesse. Si 28,7 % des enfants de travailleurs immigrés ne fréquentent pas l'école, c'est souvent pour des raisons financières ou linguistiques, mais 15 % des cas sont dus à l'irrégularité de la situation de leurs parents. Pour Yi Sok-jun, chargé des droits des immigrés à la Commission nationale des droits de l'homme, "quand il s'agit d'un mariage mixte, l'intégration de la deuxième génération se passe sans grandes difficultés. Mais les ouvriers clandestins gardent leurs enfants chez eux. Même quand ils vont à l'école, les parents sont forcés de rester discrets, ce qui met ces jeunes dans une situation défavorable au point de vue scolaire."
Yi Sok
Sisa Journal
J'adore cet euphémisme :
Je vous laisse interpréter.Les professionnels pointent du doigt l'attitude parfois peu accueillante de la population coréenne, qui n'a pas l'habitude de côtoyer des gens au physique et au nom exotiques.